vendredi 30 novembre 2007

# Albert Camus - Discours de Suède 1957

(photo d'Henri Cartier Bresson)


Martial vous avait mis sur la voie sur la conférence de Deleuze au sujet de l'acte de création qui s'adressait aux étudiant en cinéma, mais donc également aux architectes; voici le discours que prononça Albert Camus à Stockholm en 1957 pour l'obtention du prix nobel de littérature. Il s'agit également d'une réflexion sur le métier d'artiste et cela concerne pleinement les architectes.
J'avoue être assez touché par le passage que j'ai surligné et ai sans doute beaucoup à y apprendre...


Sire, Madame, Altesses Royales, Mesdames, Messieurs,

En recevant la distinction dont votre libre Académie a bien voulu m'honorer, ma gratitude était d'autant plus profonde que je mesurais à quel point cette récompense dépassait mes mérites personnels. Tout homme et, à plus forte raison, tout artiste, désire être reconnu. Je le désire aussi. Mais il ne m'a pas été possible d'apprendre votre décision sans comparer son retentissement à ce que je suis réellement. Comment un homme presque jeune, riche de ses seuls doutes et d'une œuvre encore en chantier, habitué à vivre dans la solitude du travail ou dans les retraites de l'amitié, n'aurait-il pas appris avec une sorte de panique un arrêt qui le portait d'un coup, seul et réduit à lui-même, au centre d'une lumière crue ? De quel cœur aussi pouvait-il recevoir cet honneur à l'heure où, en Europe, d'autres écrivains, parmi les plus grands, sont réduits au silence, et dans le temps même où sa terre natale connaît un malheur incessant ?

J'ai connu ce désarroi et ce trouble intérieur. Pour retrouver la paix, il m'a fallu, en somme, me mettre en règle avec un sort trop généreux. Et, puisque je ne pouvais m'égaler à lui en m'appuyant sur mes seuls mérites, je n'ai rien trouvé d'autre pour m'aider que ce qui m'a soutenu tout au long de ma vie, et dans les circonstances les plus contraires : l'idée que je me fais de mon art et du rôle de l'écrivain. Permettez seulement que, dans un sentiment de reconnaissance et d'amitié, je vous dise, aussi simplement que je le pourrai, quelle est cette idée.

Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n'ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S'il m'est nécessaire au contraire, c'est qu'il ne se sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous. L'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes. Il oblige donc l'artiste à ne pas se séparer ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d'artiste parce qu'il se sentait différent apprend bien vite qu'il ne nourrira son art, et sa différence, qu'en avouant sa ressemblance avec tous. L'artiste se forge dans cet aller retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s'arracher. C'est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s'obligent à comprendre au lieu de juger. Et s'ils ont un parti à prendre en ce monde ce ne peut être que celui d'une société où, selon le grand mot de Nietzsche, ne règnera plus le juge, mais le créateur, qu'il soit travailleur ou intellectuel.

Le rôle de l'écrivain, du même coup, ne se sépare pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut se mettre aujourd'hui au service de ceux qui font l'histoire : il est au service de ceux qui la subissent. Ou sinon, le voici seul et privé de son art. Toutes les armées de la tyrannie avec leurs millions d'hommes ne l'enlèveront pas à la solitude, même et surtout s'il consent à prendre leur pas. Mais le silence d'un prisonnier inconnu, abandonné aux humiliations à l'autre bout du monde, suffit à retirer l'écrivain de l'exil chaque fois, du moins, qu'il parvient, au milieu des privilèges de la liberté, à ne pas oublier ce silence, et à le relayer pour le faire retentir par les moyens de l'art.

Aucun de nous n'est assez grand pour une pareille vocation. Mais dans toutes les circonstances de sa vie, obscur ou provisoirement célèbre, jeté dans les fers de la tyrannie ou libre pour un temps de s'exprimer, l'écrivain peut retrouver le sentiment d'une communauté vivante qui le justifiera, à la seule condition qu'il accepte, autant qu'il peut, les deux charges qui font la grandeur de son métier : le service de la vérité et celui de la liberté. Puisque sa vocation est de réunir le plus grand nombre d'hommes possible, elle ne peut s'accommoder du mensonge et de la servitude qui, là où ils règnent, font proliférer les solitudes. Quelles que soient nos infirmités personnelles, la noblesse de notre métier s'enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l'on sait et la résistance à l'oppression.

Pendant plus de vingt ans d'une histoire démentielle, perdu sans secours, comme tous les hommes de mon âge, dans les convulsions du temps, j'ai été soutenu ainsi : par le sentiment obscur qu'écrire était aujourd'hui un honneur, parce que cet acte obligeait, et obligeait à ne pas écrire seulement. Il m'obligeait particulièrement à porter, tel que j'étais et selon mes forces, avec tous ceux qui vivaient la même histoire, le malheur et l'espérance que nous partagions. Ces hommes, nés au début de la première guerre mondiale, qui ont eu vingt ans au moment où s'installaient à la fois le pouvoir hitlérien et les premiers procès révolutionnaires, qui furent confrontés ensuite, pour parfaire leur éducation, à la guerre d'Espagne, à la deuxième guerre mondiale, à l'univers concentrationnaire, à l'Europe de la torture et des prisons, doivent aujourd'hui élever leurs fils et leurs œuvres dans un monde menacé de destruction nucléaire. Personne, je suppose, ne peut leur demander d'être optimistes. Et je suis même d'avis que nous devons comprendre, sans cesser de lutter contre eux, l'erreur de ceux qui, par une surenchère de désespoir, ont revendiqué le droit au déshonneur, et se sont rués dans les nihilismes de l'époque. Mais il reste que la plupart d'entre nous, dans mon pays et en Europe, ont refusé ce nihilisme et se sont mis à la recherche d'une légitimité. Il leur a fallu se forger un art de vivre par temps de catastrophe, pour naître une seconde fois, et lutter ensuite, à visage découvert, contre l'instinct de mort à l'œuvre dans notre histoire.

Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. Héritière d'une histoire corrompue où se mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd'hui tout détruire mais ne savent plus convaincre, où l'intelligence s'est abaissée jusqu'à se faire la servante de la haine et de l'oppression, cette génération a dû, en elle-même et autour d'elle, restaurer, à partir de ses seules négations, un peu de ce qui fait la dignité de vivre et de mourir. Devant un monde menacé de désintégration, où nos grands inquisiteurs risquent d'établir pour toujours les royaumes de la mort, elle sait qu'elle devrait, dans une sorte de course folle contre la montre, restaurer entre les nations une paix qui ne soit pas celle de la servitude, réconcilier à nouveau travail et culture, et refaire avec tous les hommes une arche d'alliance. Il n'est pas sûr qu'elle puisse jamais accomplir cette tâche immense, mais il est sûr que partout dans le monde, elle tient déjà son double pari de vérité et de liberté, et, à l'occasion, sait mourir sans haine pour lui. C'est elle qui mérite d'être saluée et encouragée partout où elle se trouve, et surtout là où elle se sacrifie. C'est sur elle, en tout cas, que, certain de votre accord profond, je voudrais reporter l'honneur que vous venez de me faire.

Du même coup, après avoir dit la noblesse du métier d'écrire, j'aurais remis l'écrivain à sa vraie place, n'ayant d'autres titres que ceux qu'il partage avec ses compagnons de lutte, vulnérable mais entêté, injuste et passionné de justice, construisant son œuvre sans honte ni orgueil à la vue de tous, sans cesse partagé entre la douleur et la beauté, et voué enfin à tirer de son être double les créations qu'il essaie obstinément d'édifier dans le mouvement destructeur de l'histoire. Qui, après cela, pourrait attendre de lui des solutions toutes faites et de belles morales ? La vérité est mystérieuse, fuyante, toujours à conquérir. La liberté est dangereuse, dure à vivre autant qu'exaltante. Nous devons marcher vers ces deux buts, péniblement, mais résolument, certains d'avance de nos défaillances sur un si long chemin. Quel écrivain, dès lors oserait, dans la bonne conscience, se faire prêcheur de vertu ? Quant à moi, il me faut dire une fois de plus que je ne suis rien de tout cela. Je n'ai jamais pu renoncer à la lumière, au bonheur d'être, à la vie libre où j'ai grandi. Mais bien que cette nostalgie explique beaucoup de mes erreurs et de mes fautes, elle m'a aidé sans doute à mieux comprendre mon métier, elle m'aide encore à me tenir, aveuglément, auprès de tous ces hommes silencieux qui ne supportent, dans le monde, la vie qui leur est faite que par le souvenir ou le retour de brefs et libres bonheurs.

Ramené ainsi à ce que je suis réellement, à mes limites, à mes dettes, comme à ma foi difficile, je me sens plus libre de vous montrer pour finir, l'étendue et la générosité de la distinction que vous venez de m'accorder, plus libre de vous dire aussi que je voudrais la recevoir comme un hommage rendu à tous ceux qui, partageant le même combat, n'en ont reçu aucun privilège, mais ont connu au contraire malheur et persécution. Il me restera alors à vous en remercier, du fond du cœur, et à vous faire publiquement, en témoignage personnel de gratitude, la même et ancienne promesse de fidélité que chaque artiste vrai, chaque jour, se fait à lui-même, dans le silence.


From [ http://nobelprize.org/nobelfoundation/publications/lesprix.html ]Les Prix Nobel en 1957, Editor Göran Liljestrand, [Nobel Foundation], Stockholm, 1958

Le Discours de Suède a été édité par Folio et est trouvable pour un prix modique en librairie.

jeudi 29 novembre 2007

# La deuxième vie du porte avion

Il y a la mort...et il peut y avoir la réincarnation aussi !
Depuis Le Corbusier, le bateau incarne la rationalisation extrême des espaces habitables. L'unité d'habitation corbuséenne avait d'ailleurs l'ambition de cette rationalisation.

Dans les années 60, Hans Hollein met en scène un porte avion en tant qu'élément à part entière du paysage.

En 2005, le porte avion USS Oriskany est envoyé par le fond au large des côtes de Floride pour servir de barrière de corail artificielle, inaugurant ainsi un programme de reconversion des navires militaires qui ne sont plus en service. (vidéos: http://www.youtube.com/results?search_query=USS+Oriskany&search=Search)


Pour la biennale de Valence en 2003, l'agence d'architecture IaN+ pose également la question de reconversion de ces navires en les imaginant comme structure de musées, d'habitations, de parcs urbains ou encore de centres sportifs.


Ce projet de IaN+ s'inspire sans doute de l'exemple new yorkais de l'USS Intrepid amaré au pier 86 depuis quelques années et qui sert désormais de musée de la marine. (Comme vous pouvez le voir nous sommes bel et bien à Manhattan !)Ceci n'est pas un porte avion mais il s'agit du meileur diplôme de l'ESA en 2004 créé parBien sûr les portes avions qui ne sont plus en service ne courent pas les rues et ne représentent pas un si gros problème de société (encore qu'avec le Clémenceau, on a pu se poser la question), néanmoins, cet exemple extrême peut vous montrer que la reconversion fait partie de l'architecture, et représente un exercice aussi difficile qu'intéressant. Il s'agit d'adapter un objet à une époque, à des besoins, à des désirs pour lesquels il n'avait pas été conçu au préalable et participe ainsi à une dynamique de vie de l'architecture et de la ville.

mercredi 28 novembre 2007

# "La mort comme mouvement en train de se faire"


Lorsque le bâtiment P&O, à Londres meurt (été dernier), il se sublime telle une supernova et se réduit peu à peu dans un mouvement continu qui s'achève par sa disparition totale au sein de la ville. Penser la ville, c'est aussi penser la mort comme un mouvement en train de se faire.


Pour visionner des photos en haute résolution direction: http://www.flickr.com/photos/sh0rty/sets/72157600372945969/?page=3
vous y trouverez aussi beaucoup de photos de la Lloyds, immeuble voisin de Richard Rogers

mardi 27 novembre 2007

# TurnOn de Alles Wird Gut


Réalisation de l'agence autrichienne Alles Wird Gut (Tout Ira Bien); le turnon


Le principe est un gain d'espace, en une optimisation des fonctions de l'habitat concentrées alors en un cylindre que l'on peut faire tourner afin d'y accéder. Une infinité de cylindres potentiels existent alors et ils sont choisis par l'habitant. (ne pas hésiter à cliquer sur les photos pour les agrandir)


(ces deux pages sont extraites du livre Realms of Impossibilty: Earth de CJ Lim)




Ce projet pose la question de la standardisation en architecture, ainsi que celle de son optimisation face à la densité necessaire des villes.

Turnon s'inspire directement d'un projet, un peu moins "leché" de Guy Rottier qui proposait une maison dans une sphère (j'ai pas trouvé d'image...) dans laquelle le mobilier est fixé aux parois. Voir aussi le projet Push Button House d'Adam Kalkim.


Pour plus d'images, de textes, de photos des prototypes, et même un "do it yourself", direction http://www.alleswirdgut.cc/awg.php?go=TURNON

# Piranesi






Giovanni Battista (ou Giambattista) PIRANESI (1720,1778) était un artiste Italien célèbre pour ses gravures de la Rome Antique et de ses vues de l'esprit de "prisons" (Carceri d'Invenzione).
Le plus impressionnant est sa capacité à créer une incroyable profondeur dans ses gravures, où se croisent passerelles, arcs et escaliers. De nos jours on parle même " d'espace piranésien " pour définir ce genre d'architecture . Voici quelques unes de ses gravures et quelques exemples contemporains d'espace piranésien (Jan Neuteling, MVRDV).

lundi 26 novembre 2007

# Cliffhanger


plate forme au dessus du lac de Garde en Italie par Alexander Felix et Christopher von der Howen, étudiants, au sein du cours de Richard Horden en 1997.

dimanche 25 novembre 2007

# Locataires de Kim Ki-duk / Shanghai Living de Hu Yang

A vous qui travaillez sur un appartement, je vous conseille de regarder un film magnifique que j'ai découvert cette semaine grâce à Martin (il a le dvd...) que l'on peut associer à un travail photographique que j'ai découvert lorsque j'habitais en Chine.
Il s'agit du film "Locataires" du réalisateur coréen Kim Ki-duk qui, sans vous en révéler l'intrigue, met en scène un homme qui habite clandestinement dans les appartements des autres. De nombreuses scènes cherchent ainsi à nous faire deviner la personnalité de la personne absente habitant cet appartement.


On retrouve cette thématique dans le livre de photographies Shanghai living du chinois Hu Yan qui présente un inventaire regroupant une centaine de photos d'appartements (une pour chaque), cette fois ci avec ses habitants et dans une prise de vue qui cherche à confondre l'architecture avec l'humain. Le résultat est aussi varié (les différences sociales dans une ville comme Shanghai sont colossales, pas de RMI ni d'ISF !) que touchant, dans notre intrusion au sein de l'intimité des habitants.




















Tout ça pour vous dire, que l'appartement (plus encore que la maison), est un miroir des humains qui y habitent et que c'est sans aucun doute une dimension à prendre en compte dans un tel programme.

# Konstantin GRCIC





Si vous n’avez pas retenus son nom quand on vous en a parlé
avec Didier Faustino… vous serez surement intéressé par ce petit mémo.


Konstantin Grcic est né à Munich, en Allemagne en 1965.

Il a étudié au Royal College of Art à Londres.

Il à travaillé pour quelques un des plus grand éditeurs de design :

(DRIADE, FLOS, KRUPS, MAGIS, MUJI…)

Je vous montre donc quelques une de ces productions.

Son site:

http://www.konstantin-grcic.com/

samedi 24 novembre 2007

# Le mouvement en train de se faire de Gilles Deleuze


J'avais parlé dans un précédent post (celui sur Hussein Chalayan) du concept (le mot le plus galvaudé de l'architecture française mais il s'agit ici de philosophie, il est donc approprié) de "mouvement en train de se faire", voici donc un post qui lui ai consacré.
Gilles Deleuze en avait parlé lors d'un de ses cours (disponible en CD) à l'université de Vincennes le 24 février 1987 portant sur la philosophie de Leibniz et la damnation (sont damnés ceux qui meurent en haissant Dieu --> allez voir l'excellent film coréen Secret Sunshine en ce moment au cinéma !).

Bon nous ne sommes pas des philosophes et sans doute peu d'entre nous (pas moi en tout cas) peuvent saisir l'entière complexité de ce concept, mais nous pouvons néanmoins en retirer l'idée qu'une architecture ne se vit ni au passé ni au futur mais bel et bien au présent et peut sans doute être dessinée comme quelque chose qui ne cesse de se "faire". Pourquoi la ville serait elle figée quand elle pourrait se recréer continuellement ?

Voici l'extrait en question:

Ce qui définit la perfection de l'acte, ce n'est pas qu'il soit fait, c'est que le mouvement par lequel il se fait ait une unité. Il faut une unité du mouvement entrain de se faire. Et bien voilà, qu'est-ce qui donne à un mouvement de l'unité ? Le mouvement par lui-même ? Non c'est un pur relatif. Relativité du mouvement. Ce qui donne une unité au mouvement c'est l'âme, c'est l'âme du mouvement. Seule l'âme est l'unité du mouvement. Si vous en restez au corps vous pouvez aussi bien attribuer un mouvement aussi bien au corps A que au corps B. Il y a une relativité absolue du mouvement. Seule l'âme est capable de donner une unité au mouvement. Bien. Qu'est-ce que c'est que l'acte parfait ? Vous allez comprendre : l'acte parfait c'est l'acte qui reçoit de l'âme qui l'inclus l'unité d'un mouvement en train de se faire. C'est vous dire à quel point l'acte parfait n'est pas l'acte une fois fait, c'est le contraire. C'est l'acte présent, c'est l'acte qui se fait, mais qui reçoit de l'âme l'unité d'un mouvement en train de se faire, qui reçoit de l'âme l'unité nécessaire. A quelle condition reçoit-il cette unité ? A condition d'être inclus dans l'âme, d'être inclus au présent. Je termine avant de vous demander si vous comprenez bien, nouvelle définition de l'acte libre, je disais tout à l'heure et soyez sensible à ceci que c'est vraiment la même chose, on passe d'une définition à l'autre de manière continue. Je disais d'abord : l'acte libre c'est l'acte qui exprime le moi, c'est à dire qui exprime l'âme dans toute son amplitude a un moment de la durée, et je dis maintenant que l'acte libre c'est celui qui reçoit de l'âme qui l'inclus, c'est l'acte pressent, qui l'inclus présentement, c'est l'acte présent qui reçoit de l'âme qui l'inclus l'unité d'un mouvement en train de se faire. Et voyez je peux recommencer : bien sur dans la journée c'est rare que je fasse des actes libres. La question de la liberté ça se pose au niveau de l'importance, c'est quand j'ai quelque chose à faire qui m'importe, oui là la question de la liberté me concerne. C'est très rare les actes où il est important qu'ils reçoivent de l'âme l'unité d'un mouvement en train de se faire. Sinon il y a toutes sortes de mouvements qui se font tout seuls : marcher, aller dans la rue, tout ça, et puis tout d'un coup il y a un moment ou il me faut de l'âme, il ne m'en faut pas tout le temps, d'abord c'est épuisant ces histoires d'amplitude de l'âme. Je ne sais pas si vous sentez ayez une âme ample ! Pourquoi avoir une âme ample, après tout je ne l'ai pas encore dit. Pourquoi pas se contenter d'avoir une toute petite amplitude ? C'est qu'il y a plein de gens qui se contentent d'une toute petite amplitude, mais ils feront des actes libres du moment que les actions au présent qu'ils font reçoivent l'unité d'un mouvement en train de se faire, c'est à dire du moment que leurs actions expriment l'amplitude de leur âme quelle qu'elle soit…

Fi des inaugurations, photos bien propres de publications etc. l'architecture ne doit pas être un acte fini mais un acte en train de se faire, un processus qui meurt en même temps que le bâtiment lui même. Comment ? A vous de me le dire !
Allez je vous donne un petit indice innofensif signé Sanfte Strukturen que je trouve très beau.


Pour lire le cours de Deleuze en entier, direction http://www.webdeleuze.com/php/texte.php?cle=139&groupe=Leibniz&langue=1
Si la philosophie de Gilles Deleuze vous intéresse, je vous conseille (parce que c'est clair, facile et super intéressant) les dvds de l'ABCDEraire qui, sauf erreur de ma part, sont trouvables à la bibliothèque de l'ESA (si ils ne le sont pas il faut les réclamer !!!)